Il s’agit d’un autre monde. Une terre gigantesque où prendre l’avion est plus simple que monter dans un bus. Avec une superficie de quatorze fois celle de l’hexagone, l’Australie est un pays à l’échelle d’un continent. Cette île, la plus grande de la planète, s’étale sur trois fuseaux horaires, possède plus de 400 aéroports, le tout pour moins de trois habitants au km². Amateurs de petits espaces : s’abstenir.
Comment est-ce que vous avez atterri en Australie ?
A 22 ans, pendant le service militaire, je suis tombé sur une annonce proposant aux Français de s’installer en Australie. J’ai alors tenté l’aventure pendant deux ans. A mon retour en France, je n’ai pas retrouvé la même liberté. J’y suis donc retourné cinq ou six ans, avant de revenir dans l’hexagone pour faire le même constat. J’ai fini par m’y installer et me suis marié avec une Australienne. Cela fait un peu plus de trente ans.
Avec la pétanque dans un coin de votre tête ?
Je n’ai jamais arrêté. J’y jouais en France et j’ai continué ici. J’ai d’ailleurs remporté à deux reprises le titre de champion d’Australie (1994 et 1996), et été sélectionné pour participer aux Championnats du monde 1993 en Thaïlande, sous les couleurs australiennes. C’était une première pour le pays. Par la suite, j’ai disputé les Mondiaux de Clermont-Ferrand (1994) et Montpellier (1997), avant de prendre la présidence d’un club de Melbourne, et celle de la fédération, de 2000 à 2009.
Un programme rempli...
Ca occupe, oui. En cours de route, j’ai aussi passé des examens en France pour devenir arbitre international. Ce qui m’a permis d’officier sur les Championnats d’Océanie en Nouvelle-Zélande, et les Seagames 2009 au Laos, aux côtés de Patrick Grignon, un arbitre qui m’a bien aidé. Et cette année, j’ai eu le bonheur d’être choisi comme arbitre des Championnats du monde.
Le rôle d’arbitre en Australie est-il le même qu’en France ?
Ca n’a pas grand-chose à voir avec ce qui peut se passer en France où c’est parfois assez difficile. Maintenant, ici, ça n’est pas toujours simple dans la mesure où l’on travaille avec des gens qui découvrent la pétanque, et n’ont pas la culture de cette discipline. Donc l’arbitre est avant tout un éducateur, et doit surtout faire preuve de pédagogie. C’est difficile de sermonner un cinquantenaire novice dans ce sport, sous prétexte qu’il a levé un pied en jouant sa boule, ou parce qu’il a sorti un pied du rond. Il faut savoir prendre le temps d’expliquer.
Quel type de population pratique la pétanque dans cette partie du monde ? On recense trois grandes catégories : les Français, dont la plupart sont issus des pieds-noirs venus d’Algérie dans les années 70, les Australiens, et une forte proportion de Mauriciens. Ces derniers, qui jouent beaucoup en famille, contribuent largement à faire venir des jeunes. Ce qui est important car, si l’on peut se féliciter d’avoir à peu près autant de femmes que d’hommes sur environ 1200 licenciés, la moitié d’entre eux a plus de 50 ans. | |
L'Australie est un pays réputé comme jeune et sportif. Comment attirer les plus jeunes vers la pétanque ?
C’est difficile, d’abord parce qu’ils ont accès à une très grande offre de sports. Le surf, le tennis, les grandes disciplines majeures comme le cricket, le football australien (Australian Rules), le rugby à XIII ou à XV, le football, le hockey-sur-gazon : la liste est longue. Donc, si en plus vous leur demandez de passer des journées avec des gens plus âgés... Surtout qu’il fait souvent très chaud en Australie. C’est un paramètre à prendre en compte. Ici, comme partout ailleurs, les jeunes pétanqueurs sont souvent des enfants de joueurs. On s’efforce donc de présenter l’activité auprès des écoles et des alliances françaises du pays, par des animations.
Comment se structure une fédération dans un pays de cette taille ?
L’Australie, c’est quatorze fois la France. Donc, pour la pétanque, le pays est découpé en sept ligues, avec des championnats dans chacune d’elles, qui ouvrent sur des rencontres inter-ligues (Interstates), puis les championnats nationaux.
Avez-vous le support financier du gouvernement ?
Non, il n’y a aucun budget pour nous. Ici, la pétanque n’est pas une discipline reconnue par le ministère des Sports. Beaucoup de sports passent avant nous, y compris dans le domaine des boules. Il y a d’abord la bocce (version italienne), et surtout le lawn bowls, qui se pratique sur gazon (photo ci-dessus). Nous on est le parent pauvre. J’ai eu l’occasion de rencontrer le ministère des Sports, mais ça n’accroche pas. On ne considère pas ici qu’il y ait un attrait médiatique suffisant. La seule aide que l’on ait eue provient de la Fédération internationale, grâce à qui nous avons pu mettre les structures en place. Mais quand un joueur est sélectionné pour une compétition internationale, c’est à lui de prendre en charge ses frais. Ca peut dissuader. La fédération australienne, elle, a juste les moyens de fournir les maillots et une rétribution équivalente à 200 euros par joueur. Ca reste de l’amateurisme...